dimanche 11 juillet 2010

Appel à la constitution d'une tendance révolutionnaire dans le NPA

Ce texte est issu d’une réunion nationale qui s’est tenue à St Ouen le 3 juillet 2010, sur la base de la contribution de 62 camarades (en annexe) pour une tendance révolutionnaire, texte soumis à la discussion à la réunion nationale du 23 mai.

Il faut, dès maintenant, construire une tendance révolutionnaire dans le NPA. Nous voulons le faire d’une façon ouverte et transparente. Il s’agit de regrouper toutes celles et tous ceux qui se battent au sein du NPA pour un programme, une stratégie et une orientation clairement révolutionnaires jusque dans la pratique. Pourquoi cela ?

La situation politique et sociale en France, en Europe et dans le monde impose à notre parti de se réorienter, bien au-delà des débats de congrès et de la discussion sur les présidentielles de 2012. Nous vivons une crise du capitalisme mondial, une crise historique de suraccumulation du capital, qui exclut toute solution du type relance keynésienne, mais contraint les gouvernements à des plans d'austérité sans précédent, à un saut qualitatif dans la brutalité. Les coups pleuvent, de plus en plus durs, sur les travailleurs. De ce point de vue, la Grèce, où la bourgeoisie mène une offensive féroce contre des travailleurs qui résistent, fait figure de pointe avancée d’une Europe où de telles situations vont se multiplier. C’est une attaque massive contre tous les acquis sociaux, contre l’emploi, contre les salaires, contre les retraites, contre les services publics qui est menée partout en Europe et qui va aller en s’aggravant. Y résister nous oblige et nous obligera à aller sans doute beaucoup plus loin dans l’élaboration politique aussi bien que dans les luttes que ce que nous pouvons imaginer aujourd’hui.
Le NPA ne doit pas continuer sur la voie qu’il a empruntée, qui le déporte vers la droite et l’éloigne des possibilités et des nécessités réelles de l’anticapitalisme. Nous devons impérativement débattre franchement et loyalement des questions programmatiques et stratégiques majeures au congrès. Entre réformisme et révolution il faut choisir. Le courant Convergences et Alternative (C&A) le fait à sa manière, la majorité de la direction également (en se prononçant nettement pour une révision stratégique par rapport à la révolution russe, et à l’idée que la transformation révolutionnaire ne peut pas être réalisé sous la forme d’un mai 68 qui irait jusqu’au bout). Ce qui nous est proposé va de plus en plus nettement dans une direction réformiste et électoraliste. Par exemple, le texte "Nos réponses à la crise" est catastrophique, car il tranche les ambiguïtés des principes fondateurs dans le sens du réformisme, de recettes keynésiennes pour sortir de la crise sans sortir du capitalisme (en proposant un moratoire de la dette, en refusant de se prononcer pour l’expropriation des grands groupes capitalistes, etc.)

Nous, militants du NPA de diverses origines qui, pour la plupart, avons soutenu la position B à la consultation nationale de notre parti en novembre 2009, nous sommes réjouis de l’organisation de la réunion nationale de l’ex-position B le 23 mai dernier, qui a réuni plus de 300 camarades. Elle a soulevé des espoirs et a donné lieu à de nombreux échanges de qualité. Malheureusement, la déclaration finale issue de cette initiative n’est pas satisfaisante, même si elle contient des choses justes. Malheureusement aussi, le comité d’animation qui s’est mis en place le 23 mai et qui s’est réuni le 6 juin a jugé bon d’exclure de ses rangs les représentants de l’appel des 62, alors que ces camarades avaient simplement proposé des amendements pour approfondir la délimitation programmatique et stratégique du parti. Nous souhaitons toujours maintenir le dialogue avec les camarades de la position B, mais nous pensons que ce qui ressortira le plus probablement de toute cette orientation sera un accord entre les animateurs de la position B au CPN et au CE et la gauche de la direction actuelle,  la position A’. Or sur cette base, nous avons la conviction que le travail indispensable d’approfondissement sur les questions programmatiques et stratégiques ne pourra pas avoir lieu. Les dirigeant de l’ex-position B veulent un tel accord : à preuve leur déclaration issue du CPN des 28-29 mai, qui propose une discussion en vue d'un accord minimal avec les dirigeants A', et l'appel du 6 juin, qui fixe bien l'objectif de constituer une majorité au congrès. Et ni des dirigeants de la position A', ni ceux de la position B ne veulent approfondir les questions de programme et de stratégie révolutionnaire, du moins à l'étape actuelle.

Nous pensons qu’il faut non seulement implanter réellement le parti parmi les travailleurs des entreprises, lutter concrètement pour la convergence des luttes et la grève générale ; mais aussi développer auprès des militants et, plus largement, parmi les travailleurs, un programme pour la révolution socialiste, sous peine de s’en tenir à une orientation para-syndicale, fût-elle combative. Non pas d’un côté un programme d’urgence, et de l’autre un programme pour le jour lointain où le socialisme triomphera, mais un programme, une stratégie, une orientation qui permettent de faire le lien entre les résistances actuelles aux attaques des capitalistes, les revendications concrètes des travailleurs, des opprimés, et la prise du pouvoir par les travailleurs auto - organisés , pour exproprier les capitalistes, transformer l’ensemble des rapports sociaux et aller vers une société sans classe et sans État : le communisme. Il s’agit en somme de remettre en avant ce qui était au cœur de la création de la IVe Internationale, un programme d’action basé sur des revendications transitoires, permettant de faire le lien entre les besoins et revendications actuelles des travailleurs et leurs objectifs historiques.

Il est indispensable de répondre sur le fond à la direction et aux éléments droitiers du parti, et de ne pas remettre à plus tard des réponses révolutionnaires. Attendre, c’est laisser les idées erronées et dangereuses pour le parti et pour les travailleurs se répandre parmi nous. Aujourd’hui nous devons mener le combat sur le plan idéologique et politique pour que le NPA soit un parti révolutionnaire, un parti qui assimile sans les oublier les analyses et les leçons tirées par les principaux penseurs marxistes révolutionnaires (Marx, Engels, Rosa, Lénine, Trotsky…), comme un outil que nous devons mettre aux mains des travailleurs conscients pour renverser le capitalisme et détruire son État, pour constituer leur propre gouvernement. Il n’est pas possible de continuer à dire que nous sommes pour la convergence des luttes, pour la grève générale, tout en remettant aux calendes grecques la discussion indispensable sur la stratégie et le programme nécessaires pour renverser le capitalisme. Car lorsque nous parviendrons à la convergence des luttes et à la grève générale, nous ferons quoi ? Ne pas se demander cela dès maintenant, ne pas chercher à y apporter des réponses les plus claires et précises possibles, c’est courir assurément à un nouvel échec et la défaite pour notre camp, celui des exploités et des opprimés.

Cela ne veut pas dire que nous avons réponse à tout, tout de suite. Beaucoup de débats nous attendent. Tou-te-s les camarades révolutionnaires dans le NPA et autour de lui qui comprennent les enjeux programmatiques et stratégiques majeurs doivent se retrouver dans ce processus et y prendre toute leur place. En particulier nous devons discuter de l’internationalisme et de l’internationale, de l’anti-impérialisme, des rapports entre marxisme et religion, de notre intervention dans la classe ouvrière...Et il est indispensable d’élaborer un programme écologique radical basé sur une perspective marxiste-révolutionnaire, car sans sauvegarde de la planète et de l’humanité il n’y a pas d’issue.

C’est aussi à condition de partir de ces points stratégiques clés que l’on peut proposer une orientation réellement alternative à celle de la direction du parti dans la lutte de classe immédiate, une orientation s’appuyant sur les secteurs les plus avancés pour entraîner toute la classe. De façon générale, il s’agit de se battre centralement pour aider les luttes ouvrières, nombreuses mais dispersées, à aller le plus loin possible sur le plan des revendications, de l’auto-organisation et des méthodes de lutte ; il faut notamment que nous prenions des initiatives audacieuses pour impulser leur coordination.

En ce qui concerne la réforme centrale des retraites, il ne suffit pas de fonder des cartels d’organisations allant du PS au NPA sur une base floue, ne comprenant pas les revendications élémentaires des travailleurs, ni de demander à la bureaucratie syndicale une ou deux nouvelles dates de mobilisation. Il faut combattre clairement pour le retrait du projet, fixer l’objectif de la grève générale comme seul moyen de faire plier Sarkozy-Woerth, appeler les travailleurs à constituer des comités d’action dans ce but, avec une base revendicative de front unique (aucun allongement de la durée de cotisation, aucune baisse des pensions, aucune hausse de la part salariale des cotisations, retour au 37,5 pour tous, avec 75% du salaire sur la base des 6 meilleurs mois). Il faut lier ces revendications à celle du refus de tout licenciement et à l’exigence de la répartition des heures de travail sans baisse de salaire ni flexibilité pour que chacun ait un emploi. Il est crucial enfin de critiquer ouvertement l’orientation et la tactique des directions syndicales qui, acceptant au fond la prétendue nécessité d’une réforme des retraites, s’efforcent, de négociations en journées d’action dispersées et sans lendemain, de conduire les salariés à la résignation et à la défaite.

Dans la perspective du congrès et de la lutte de classe à la rentrée nous lançons dès maintenant le processus de constitution d'une tendance révolutionnaire, avec l'élaboration d'un programme et d'une orientation alternatifs à ceux de la direction, de C&A et des dirigeants de l’ex-position B. Nous appelons tous les camarades partisans d’un NPA révolutionnaire à y participer. Dès l’université d’été et à la rentrée nous organiserons des réunions politiques pour que le processus avance et devienne une réalité politique. Dès maintenant nous appelons tou-te-s les camarades intéressé-e-s à nous contacter à l’adresse suivante : construction.trnpa@yahoo.fr

La coordination pour la construction d’une tendance révolutionnaire.