lundi 19 avril 2010

Total : « Mobiliser les salariés au niveau national sera en quelque sorte notre dernière cartouche »

(La voix du Nord, 16/04/2010)


(Image: http://photosouvrieres.blogspot.com/)

Symbolique : voilà comment résumer l’opération escargot organisée hier après-midi à Dunkerque par deux cents personnes venues soutenir les salariés de la Raffinerie des Flandres. « Contrairement aux cinq autres raffineries de Total et des autres groupes, nous ne sommes pas directement concernés par la table ronde nationale d’hier. Toutefois, nous avons tenu à manifester par solidarité avec nos collègues des autres sites, car c’est quand même l’avenir du raffinage français qui est en jeu », souligne Philippe Wullens, délégué SUD à la Raffinerie des Flandres.

Bien plus que la table ronde d’hier, les salariés de la Raffinerie des Flandres attendent davantage de la mobilisation des salariés des autres sites du groupe Total. « Il n’y qu’un impact national, comme en février, qui fera bouger les choses. Je ne dis pas que ce sera facile, mais il faut au moins essayer », insiste Dimitri, 27 ans. « Nous en sommes quand même à notre 92e jour de grève et remobiliser tout le monde n’est pas évident. Trois mois, ça devient long et ça divise parfois », reprend Philippe Wullens, qui pointe des tensions passagères entre certains salariés. « Heureusement, nous sommes toujours derrière pour calmer les esprits, car c’est l’unité qui nous fera gagner la partie », reprend le syndicaliste.

Barbecue citoyen

En attendant le jugement en référé du tribunal de Dunkerque, engagé par l’intersyndicale contre la direction de Total pour entrave au fonctionnement du CCE et spoliation du droit de travail, les salariés de la Raffinerie des Flandres invitent la population à un « barbecue citoyen » qui aura lieu samedi, sur le site, à partir de midi.

Objectif : faire signer une pétition réclamant le redémarrage de la Raffinerie des Flandres, « jusqu’à ce que la direction nous propose un vrai projet industriel pérenne à la place », insiste David. « Si la justice ne nous donne pas raison, nous irons, dès le début du mois de mai, rencontrer les salariés des autres raffineries pour tenter de les mobiliser, comme en février. Cela sera en quelque sorte notre dernière cartouche. En cas d’échec, on pourra quand même tenter des actions plus fortes », rebondit Philippe Wullens.

« Les salariés de la raffinerie ne sont pas isolés. Aujourd’hui (hier), des gars de Polimeri, d’Ascométal et de SRD sont venus manifester à leurs côtés. Notre travail, aujourd’hui, va donc consister à faire monter ce mouvement en puissance », prévient François Croquefer, de l’Union locale CGT. « Ce que nous propose Total, on n’en veut pas, intervient Erwan, 29 ans. J’ai déjà quitté ma région, la Normandie, pour venir travailler ici en 2007. Pour mon ancienne boîte, je faisais pas mal de déplacements, et si je suis venu travailler ici, c’était justement pour avoir une stabilité géographique. En clair, il est hors de question pour moi de bouger à nouveau, donc de faire machine arrière, en intégrant un centre d’assistance technique. »