vendredi 16 avril 2010

Usine Essex à Mâcon : deuxième nuit de séquestration pour les directeurs

(AFP, 16/04/2010)

Les deux directeurs de l'usine Essex de Mâcon, propriété du groupe sud-coréen LS Cable, retenus depuis mercredi par les salariés devaient passer une deuxième nuit sur place, alors qu'hier soir les négociations semblaient dans l'impasse.

Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, s'est dit "profondément choqué par le comportement d'une petite minorité de salariés qui retient en otage, depuis deux jours, deux dirigeants de la société Essex dans le but d'obtenir de l'argent sous forme d'indemnités de départ de 120.000 euros par salarié".

Le président PS du conseil général de Saône-et-Loire, Arnaud Montebourg, s'est rendu sur place vers 18H30 et a rencontré pendant près de deux heures le directeur de l'usine et le DRH retenus, ainsi que les représentants des salariés.

"Je lance ici un appel solennel: c'est que l'Etat prenne ses responsabilités et désamorce une situation difficile", a-t-il déclaré à sa sortie. "Je demande au préfet de Saône-et-Loire, et je viens de contacter le ministère de l'Industrie pour qu'il y soit autorisé, d'organiser sans délai, ce soir ou demain, une médiation de manière à ce que les parties puissent reprendre normalement le cours de la négociation", a ajouté le président du département.

"La menace est une impasse", a répliqué Christian Estrosi.

Les représentants du personnel ont encore consulté dans l'après-midi le directeur de l'usine et le DRH séquestrés.

"Ils ont confirmé qu'ils ne souhaitaient pas négocier", a déclaré Manuel Do Vale, représentant CGT du personnel, à l'issue d'un vote dans la cour où la poursuite du mouvement a été votée à main levée par une soixantaine de personnes, soit quelque 80% des salariés.

"On a décidé de continuer la rétention du directeur et du DRH. Si rien n'est fait d'ici ce soir, ils vont passer une deuxième nuit ici. On est face à un mur", a-t-il ajouté.

La direction Europe d'Essex, filiale du groupe américain Superior Essex, lui-même propriété du groupe sud-coréen LS Cable, a déploré dans un communiqué jeudi que ses représentants ne soient "toujours pas libres de leurs mouvements" et a dénoncé "les dégradations des locaux, du matériel et de l'outil de travail".

Les salariés d'Essex ont menacé de jeter dans la Saône l'équivalent d'un demi-million d'euros de matériel.

"Nous avons porté plainte hier soir et étudions avec le concours des autorités de justice et de police les mesures à prendre pour que le directeur de l'usine de Mâcon et le directeur des ressources humaines soient libérés au plus vite", a ajouté la direction, avant d'appeler à la "sérénité" pour que les négociations puissent reprendre.

Depuis l'annonce, fin mars, de la fermeture de cette usine de fabrication de fils de cuivre, les salariés estiment que le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) proposé est "insuffisant". Ils demandent que la prime supra-légale soit portée de 30.000 à 120.000 euros par salarié.

Les salariés d'Essex souhaitent négocier "le PSE dans leur ensemble, les primes supra-légales, mais aussi les congés de reclassement", a précisé le représentant CGT. Une réunion de conciliation organisée jeudi matin sous l'égide de l'inspection du travail entre les salariés et le direction a échoué.

"Nous avons rencontré la direction, au côté de l'inspection du travail, pour sortir de cette situation. Nous avons fait des propositions concrètes. Nous nous sommes vus opposer une fin de non-recevoir", a déclaré Sylvain Robin, négociateur des salariés, dans la cour de l'usine, à sa sortie de cette réunion.

L'usine Essex de Mâcon emploie 86 salariés, mobilisés sur place par roulement, selon la CGT.

"La menace est une impasse", a réagi jeudi le ministre de l'Industrie Christian Estrosi.